samedi 4 juillet 2015

L'évêché maudit

L'évêché Maudit




Il y a une rumeur qui circule dans la région, m'avertissaient certains paysans robustes mais en proie à une peur non dissimulée. Ils paraissaient redouter un hameau tout particulièrement.
Je voyais dans leurs yeux des cauchemars qui leurs semblaient réels. Cependant ils refusaient de s'épancher plus sur ce sujet et devenaient agressifs afin de retrouver leur tranquillité et me faire déguerpir.
La plupart taisait le nom du village maudit, laissant échapper de vagues éléments quant à son lieu, non loin d'un bois dense et d'une vieille église désacralisée.
Fort heureusement il y a peu d'église abandonnée, et je me retrouvais bien vite dans les champs face au hameau tant redouté.
De ma position tout semblait calme, voir vide. Aucun homme ne s’affairait entre les blés, aucun enfant ne jouait sur le chemin. Les volets étaient clos, nul linge n'était mis à sécher dehors.
Toute la zone semblait déserte. Et je pris soudain conscience qu'aucun bruit, aucun chant d'oiseau, aucune brise, ne se faisait entendre.
Je compris alors l'appréhension des locaux, mais pour le moment rien ne justifiait une telle crainte.
Cependant c'est pour avoir eu vent de cette rumeur entre les murs même de Paris que j'ai décidé d'entreprendre ce voyage.
J'ai respecté mon vœux de silence bien trop longtemps. Je devais désormais vérifier les dires des anciens arcanistes de mon ordre.
Le Pape lui même avait ordonné le silence à notre cercle restreint d'initiés après avoir lu les écrits que nous lui avions présentés.
Je me garderais bien de deviner ses propres pensées, mais à mes yeux cela n'était que mythes et croyances de païens apeurés.
Notre ordre a été dissout suite à ces révélations jugées calomnieuses et blasphématoires.
Nous évoluions dans le plus grand secret et notre disparition n'éveilla aucun soupçon.
J'officiais alors dans l'abbaye de mon quartier natal. Mais une nuit j'accueillis trois réfugiés tourmentés et affolés. Il s'agissait d'une mère et de ses deux enfants.
Dans leurs récits décousus j'appris que le père avait succombé en tentant de les protéger alors qu'ils traversaient ce, dit précédemment, hameau. Mon abbaye étant la plus grande maison de Dieu à leur portée ils sont venus chercher refuge ici-même.
Hélas, leurs dires concordaient avec les découvertes mises à nues par mes confrères. Et comme je m'y attendais, dans la crainte, la mère et ses deux enfants trouvèrent la mort suite à une infection généralisée inexplicable, du moins pour ceux qui étaient encore innocents.
Secrètement je décidais d'envoyer deux mercenaires protecteur de la Foi sur les traces du père et du lieu de sa mort.
Ils ne revinrent jamais. Mais une lettre me parvint portant le sceau de notre évêché.
Ils découvrirent des restes qu'ils attribuaient au père sans pouvoir l'affirmer.
La chair pourtant vieille d'à peine deux semaines était dans un état putride de décomposition.
Les os qu'ils restaient étaient nécrosés et noircis, baignant dans des flaques à l'odeur pestilentielle et d'une noirceur terrifiante.
Ils mentionnaient également la présence de traces incompréhensibles.
Des empreintes relativement profondes et crochues. Portant de flagrants doigts et orteils humains.
Cela dit les marques indiquaient clairement que ces êtres se déplaçaient à quatre pattes, comme des bêtes.
Ils ont pu repérer leur possible antre et précisaient que le lendemain si le soleil était resplendissant, ils effectueraient un repérage plus en profondeur.
Après la lecture de cette lettre, je restais la nuit à prier pour trouver conseil.
J'attendis sept jours sans nouvelle et me mis en marche.
C'est ainsi que je me suis retrouvé aux portes du village maudit, à la quête de preuves.
Des preuves que des êtres maléfiques, démoniaques, errent dans notre monde.
Nous ne pouvons plus fermer les yeux. Et notre bon Pape lui-même devra agir.
Je n'ai pu retrouver aucune trace du père et des deux mercenaires.
J'ai malgré tout pénétré l'enceinte du village. Comme je m'y attendais, nul homme ne vivait encore ici. Un crucifix dans une main, les Écritures Saintes dans l'autre, je me trouvais juste au dessus de galeries immenses infectant la terre sur des hectares.
Je découvris l'une des entrées au cœur même de l'ancienne église, percée derrière l'autel.
Je ne pu réprimer un cri de terreur qui réveilla des ombres malignes.
En réponse à mon effroi, des reniflements, des grognements, et ce que je suppose être des mots, roulèrent dans ces cavernes jusqu'à mes os.
Je pris la fuite et me réfugia au plus haut clocher de notre abbaye.
Je me terre à présent ici et mets sur papier tous ces éléments.
Je vous en conjure, ouvrez les yeux !

Nous ne sommes pas seuls.


Aimeric Lerat (Hangsvart) tous droits réservés 
02/07/2015

mercredi 17 juin 2015

Mr.Boyld

Je rapporte ici les détails d'une enquête qui fut censurée pour le plus grand nombre et pour le bien de notre civilisation. Je ne sais pas si mes écrits pourront me sauver, j'en doute, mais je me dois de prévenir la population.
Toutes les preuves formelles ont été supprimé minutieusement. Il ne reste aucune photo et, dans mon ultime sursaut de bon croyant, toutes les vidéos ont été effacées.
En effet j'étais le seul à être en possession des preuves visuelles originales.
J'occupais le poste d'enquêteur principal dans cette affaire qui défraya les chroniques il y a quelques mois de cela. Les journaux en firent leur une pendant une bonne semaine. Mais leurs accès aux informations étaient contrôlé et très peu, même au gouvernement ou à la police, ont su autre chose que ces titres vendeurs.
Les autorités ont veillées rapidement à porter le doute sur un acte de cannibalisme immonde.
Tous y ont cru.
Mais je ne peux plus me taire.
Ma vie fut condamnée dès mes premiers pas dans ces égouts abandonnés.
C'est moi qui a enregistré ces vidéos. C'est moi qu'elles ont vu à la suite de l'arrestation du maintenant renommé Mr.Boyld.
Je tente de garder mon calme et de contrôler ma respiration.
Cet infirmier quinquagénaire ne s'emparait pas des habitants de la morgue uniquement pour lui.
Je pense que nous ne saurons jamais si il a réellement prit part aux festins nécrophages qui ont été pratiqué dans les ombres sous nos rues et nos maisons.
Était il protégé de la mort par sa folie ?
Ou, comme je le crains, avait-il perdu toute humanité en goûtant la viande humaine qu'il se procurait ?
Je vois d'ailleurs en cela, mon unique chance de survie.
Et sa folie n'était elle pas simplement le résultat de cet acte de barbarie ?
Me condamnerais-je moi même à la folie ?
Ou aurais-je le courage de mettre fin à mes jours ?
Il y a encore de nombreuses découvertes à mettre au jour.
Je ne saurais expliquer ces choses rationnellement.
Mais elles existent.
Je ne sais pas si la suppression de la vidéo fut une bonne chose.
Mais qu'importe, maintenant, j'en suis là.
Boyld savait qu'il était condamné et qu'il ne pouvait pas s'en sortir.
Il m'a tendu un piège pour que je continue son œuvre.
C'est à vous maintenant de les éliminer.
En pièce jointe de cet article, une carte vous indiquera l'entrée exacte de l'ancien tunnel.
N'y pénétrez pas !
Sous aucun prétexte !
Sinon, mon sacrifice aura été vain.
Détruisez tout. Brûlez tout.
Je ne sais comment vous devriez vous y prendre.
Je n'ai plus âme à concevoir de tels stratagèmes.
Ce que j'ai vu …
Mon Dieu …
Ces immondices pourrissantes …
Leur visage presque humain. Ce … ces cavités plus profondes qu'aucune nuit.
Ils n'y avaient plus d'yeux, seulement deux précipices, emplis de haine et d'une faim cauchemardesque.
Leur corps humanoïdes, aussi maigres que des cadavres, aussi sombres que le pétrole.
Et la texture de leur peau … Pâteuse et collante.
Dégageant une puanteur affreuse.
Une infection telle que mon bras, là où l'une d'entre elle me toucha, se nécrosa, dégorgeant un liquide purulent.
Aujourd'hui amputé, et comme marqué au fer rouge, mon moignon n'a pas perdu cette couleur de suif.
Leur voix, ce chuintement gutturale, mi-articulé mi-gargouillé, ne cesse de résonner en moi.
Mes nuits ne sont plus que cauchemars, et mes jours, terreur.
Ces créatures, ces engeances du chaos !
Elles ont besoin d'un intermédiaire. L'époque où elles pouvaient sortir et arpenter nos rues à la lueur de la lune est révolue. Depuis des siècles désormais, elles se terrent ici, contaminant un être suffisamment vaillant pour leur apporter leur nourriture odieuse.
C'est ici que Mr.Boyld joue son rôle.
Depuis vingt ans il chassait pour elles.
Nombre de disparitions restent irrésolues chaque année.
Et lorsque sa chasse était infructueuse, il profanait la morgue de son hôpital.
C'est ainsi que nous l'avons démasqué.
La presse ne parla que de la petite dizaine de cadavres disparus.
Mais je pense qu'il est la cause de plusieurs centaines de disparitions.
Il n'est peut être pas le seul à s'occuper de ce réseau nécrophage.
Quoi qu'il en soit ces choses doivent être détruites !
Leur existence est un danger !
Ces créatures pullulaient dans ces tunnels abandonnés.
Grand Dieu, elles sont peut-être déjà assez fortes pour sortir seules.
Je ne suis pas sûre mais … il y a des ombres qui rôdent près de moi.
La nuit quand je sens leur présence.
Il y a trois jours je suis arrivé en panique sur le seuil de ma maison.
Je ne suis plus ressortis depuis. Et la nuit je veille.
Mon jardin entier est couvert de pourritures. Mes fleurs sont mortes.
Mes arbres fruitiers sont morts. Ma pelouse est noirâtre.
Tout ceci ne peut-être que dû à leur présence.
C'est pourquoi je n'envisage même plus de subvenir à leur besoin.
Je pense être perdu.
Une fois que mon article sera paru sur ce blog à usage unique, je mettrais fin à ma vie.
Je suis sûr qu'elles retournent à chaque levé de soleil dans leur antre.
Je vous en supplie brûlez tout !
Je regarde une dernière fois la photo de mon fils.
Et prends mon courage à deux mains.


Aimeric Lerat (Hangsvart) tous droits réservés 
16/06/2015

lundi 25 mai 2015

Nécrophages

Nécrophages

Il y eu un temps où les ombres ne faisaient que suivre leur maître.
Un temps où je pouvais admirer sans crainte les couleurs du crépuscule.
Ce temps est révolu.
Dès lors où j'ai plonger mon regard dans ces secrets ancestraux.
Dès lors où les sons qui nous entourent se sont révélés n'être qu'une illusion.

J'ai cru au commencement que mon esprit s'était brisé.
Les spécialistes ont conclu à une maladie psychique.
Les traitements se sont enchaînés, et je devins un cas parmi tant d'autres de schizophrénie.
Certes, il y eu une amélioration. Et je crus au bout de huit ans voir la fin de ce tourment.
Mon état est devenu stable. Et mon monde, que les psychiatres qualifiaient d'imaginaire, me devint familier et confortable. Plus aucune peur, ou presque, ne venait m'entraver.
Je restais, bien sûr, un marginal, ayant pour dégoût la société, n'aspirant qu'à une retraite paisible loin du monde et des hommes.
J'étais misanthrope depuis déjà quelque temps et je l’acceptais parfaitement.
Je pus reprendre le cours de ma vie, stoppé il y a une dizaine d'année.
Les choses se présentaient bien. J'avais entamé une formation et un métier était à la clé.
Malgré cela, certains détails que je pris à la légère me firent ouvrir les yeux.

J'attribuais mon regain misanthropique à la disparition des autres symptômes.
Et de ce fait, mon attrait pour le coté morbide de mes hallucinations me semblait en découler.
Depuis le début des traitements je me suis exprimé à travers la musique.
Et à cette période je me suis mis à expérimenter de nouveaux sons.
De nouvelles sphères sonores.
Les vibrations, d'échos en échos, de grondements en chuintements, me connectaient à ce monde imaginaire. Faisant apparaître mes nécrophages et autres monstres de mes hallucinations.
Ces créatures de cimetières m'avaient adopté au cours des ans.
Et moi qui croyais avoir une imagination trop fertile.

Le monde que nous voyons est restreint.
Les sons que nous percevons sont filtrés.
Des êtres, tout un univers, côtoient nos maisons, nos jardins, nos villes, nos égouts.
Ne vous êtes vous pas demandés pourquoi tant de disparitions restaient irrésolues ?
Nous partageons nos vies et nos morts avec des choses innommables.
Nos sépultures sont vidées par des goules affamées.
Celles suffisamment puissantes s'en prennent aux vivants.
Mais il n'y pas seulement des nécrophages.
Des tunnels existent. Des tunnels qui traversent nos murs, qui transpercent les sols.
Des tunnels qui pénètrent nos rêves.

J'étais, je ne sais comment, connecté à ce réseau inhumain.
Je pouvais ouvrir ma vision et apercevoir les ombres d'un autre monde.
Je ne suis pas le seul doté de ce sens.
Et je sais que je vais bientôt rejoindre ceux qui l'ont perdu.
Je sais trop de choses à leur sujet.
Et je sais que personne ne peut se protéger d'eux.
Ils sont capables d'envahirent nos rêves et de les changer en cauchemars.
C'est ainsi qu'ils nous chassent.
Pour la plupart de ces abominations, la proie doit être morte et putréfiée.
Ils nous font vivre le cauchemar, établissant un lien avec nos muscles.
Notre esprit tente vainement de leur échapper et se fait traquer.
Notre corps obéit inconsciemment à notre rêve et se retrouve exactement là où les nécrophages veulent nous conduire.
Une zone isolée loin des regards humains.
Le lieu atteint, ils nous exécutent sauvagement, ils nous mutilent, nous torturent, démembrent notre esprit et broient nos os.
Laissés pour mort, la nature finit son cycle.
Et les nécrophages se régalent de nos restes.

Je sais que bientôt viendra mon tour.
J'attends donc ce contact et rédige ce que j'ai pu apprendre à leur sujet.

Les nuits sont les heures les plus affreuses.
Car ils m'ont trouvé et tourmentent mes rêves.
Ils jouent avec leur proie et s'en délectent.
Ils m'affaiblissent, ôtant ma volonté de mettre fin à mes jours.
Je tente de ne plus me nourrir, mais ils m'apportent de la nourriture.
La tentation, la détresse et la douleur me font parfois céder.
Je sombre souvent dans un état de semi conscience affreux.
Alors je les vois à la fois dans mes cauchemars mais aussi dans la réalité.
Et lorsque je reviens à moi, je découvre de nouvelles plaies sur mon corps.
Leur apparence est humanoïde, une caricature putréfiée d'un homme.
Ils se déplacent à quatre pattes mais peuvent se maintenir debout.
Ils semblent avoir un langage et communiquent entre eux.
Dans mes rêves ils dégagent une forte odeur de pourriture et de mort.
Ils sont relativement grands et bien bâtis.
Leur force est nettement supérieure à celle des hommes.

Je suis à présent trop faible.
Je ne peux plus continuer ainsi.
Cette nuit s'en sera fini.

Aimeric Lerat (Hangsvart) tous droits réservés
24/05/2015

mardi 6 janvier 2015

Les Veilleurs

Les Veilleurs


Il y a des choses de notre monde qu'il vaudrait mieux garder cachées.
Elles nous côtoient et frôlent nos ombres, elles respirent et s'immiscent dans nos rêves.
Nos villes nous semblent sûres et connues, et pourtant d'innombrables souterrains se remplissent chaque nuit de veilleurs silencieux en quête de failles ouvertes sur nos vies.
Ne commettez pas mon erreur. Restez confiants dans vos connaissances et vos croyances.
Ne cédez pas à la curiosité, au désir de savoir, à la volonté de la découverte.

J'étais sujet à une étrange révulsion du monde qui m'entourait, des gens qui se pressaient, vivants et se mouvant de toute part. Je me perdais fréquemment dans de sombres pensées et déjà je m'apprêtais à quitter votre réalité. J'affectionnais particulièrement mes sorties nocturnes lors de ces jours de froid et d'humidité. Le brouillard m'enveloppait et la nuit, dans sa solitude, me comprenait. Du moins c'est ainsi que je le ressentais.
Une nuit, plus perturbé par la journée des vivants, de leurs codes et de leurs manières, je me laissais happer dans les ombres omniprésentes. Arrivé, sans trop savoir comment, dans un champ en bordure de forêt je me mis à écouter. À ressentir les vibrations de l'air et du sol. Et ce son de la terre, si sourd et lancinant, grondant et semblant se répercuter dans des cavités souterraines insondables, ne me quitta plus.
Revenu à mon appartement dans cette ville si humaine, je l'entendais résonner encore faiblement, souvent estompé par des bruits plus familiers. Au contact de mes semblables, dont je me sentais si différent, ce raclement caverneux s'amplifiait jusqu'à égalité des voix lassantes qui m'assaillaient. Mon esprit solitaire se troubla de plus en plus, chaque jour, et un besoin naquit en moi, de retraite isolée des hommes, d'images de cavernes et d'obscurité, d'arbres et de forêts. Il me vint de sombres sujets de réflexions. Que je n'ose révéler encore.
Je retournais fréquemment hors de la ville, dans différents champs, différents bois, écouter la terre.
Ces fréquences finirent par me faire apercevoir des choses, qui au début n'étaient que des ombres, vaguement humaines et timides. Elles me quittaient dès que je retournais en ville, et que le son diminuait à nouveau.
Bien sur je commençais à avoir peur. Et je me décidais à ne plus sortir de la ville, ni même continuer mes promenades nocturnes. En réalité je sortais le moins possible de mon appartement. N 'éprouvant plus qu'un vague dégoût de tout ce monde. Mais la voix de la terre ne faiblissait pas. Au contraire.
Bientôt elle fit naître dans ma propre demeure des êtres aux formes répugnantes, de lointaines caricatures d'hommes et de femmes, au corps semblable à des charognes. Leurs yeux immobiles ne clignaient jamais. Leur souffle lent et profond accompagnait les chants de la terre.
Mais ma peur s'évapora rapidement. Il n'y avait aucune agressivité dans leur comportement. Ils semblaient, au contraire, venir m'observer et, je le compris bien vite, ils voulaient entrer en contact avec moi. Au début, ils restaient cachés derrière des meubles, dans les ouvertures des portes. Voyant ma réaction pleine de curiosité un contact s’établit.
Je les accueillais désormais avec plus de plaisir que mes semblables. Ils ne savaient pas réellement parler notre langue, mais parfois ils prononçaient des mots et des phrases hésitantes. De leur voix rauque et grésillante.
Je devais maintenant effectuer un choix, entre le monde des ombres et l'amertume de la lumière.
Ce fut une décision rapide. Trop peut-être.
Je me retrouvais désormais entraîné dans leurs veilles nocturnes sous les méandres des rues et des maisons. Je découvrais des passages jusqu'au seuil des lits des dormeurs innocents, et je vis des créatures bien pire que leurs cauchemars, traînant leur corps hideux et froid jusqu'au contact des vivants. Mais on me faisait toujours me retirer avant les heures les plus sombres de la nuit.
Aujourd'hui je regrette d'avoir insisté pour veiller avec mes nouveaux amis jusqu'au levé du jour.
Ma curiosité me fit perdre et dépasser les limites de mon humanité.
C'est pourquoi je vous mets en garde de ne jamais prêter l'oreille aux murmures de la terre, aux grondements des cavernes.
À présent je vis encore parmi vous. Mais peu d'entre vous peuvent encore me voir.
J'ai réellement appartenu aux ténèbres dès mon premier repas en compagnie de ces créatures, préparé par leurs soins. Je n'ai pas assisté à la préparation. Sinon il n'en serait pas ainsi aujourd'hui.
Si seulement ce goût n'était pas autant délectable. Si seulement il n'agissait pas sur moi comme une drogue puissante.
Cette nuit donc, je participais enfin à un de leur festin vampirique. Nous étions dans une cave en pierre d'une quelconque maison. Je ne savais même pas si elle était encore habitée, ou si ce n'était qu'un refuge. La viande qu'on me proposa, crue mais si tendre, émerveilla mes sens et me fit un effet qu'aucune drogue ne pourra jamais reproduire. Mes sens s'ouvraient à un monde encore inaccessible, et pourtant si complexe et simple à la fois. Je perçu la respiration des occupants officiels de la bâtisse, les battements de leur cœur, les effluves de leurs rêves.
On me conduit dans cette état sensoriel intense dans ce qu'ils appelaient la réserve.
Le monde des vivants m’apparut comme jamais je ne le vis. Et cette vision ne me quitta plus.
Nous arrivions dans une salle souterraine immense au plafond relativement bas, composé de milliers de portes alignées. Je ressentis la succulente nourriture qu'elles contenaient, et je m'enivrai déjà à l'idée du festin.
Une de ces goules ouvrit une porte d'où émanait la plus merveilleuse odeur.
Et dans mon horreur et ma joie, dans mon dégoût et ma faim, je vis s'écrouler sur le sol des lambeaux de chair, d'os, de peau et d'organes divers.
Je compris alors dans une excitation morbide et malsaine que nous étions sous le plus grand cimetière de la ville.
Dès lors je devins un mangeur d'os et de cadavres. Je participais à la sélection des humains les plus succulents et à leur mise à mort.
Je pris vite le goût du meurtre et de la torture. J'adorais particulièrement m'immiscer dans leur rêves et les changer en cauchemars si affreux que leur cœur et leur système nerveux lâchaient sous l'horreur.
Mais dans les ruines de mon humanité, un sentiment de culpabilité restait comme une brume matinale, ouvrant parfois les affres du désespoir et des lamentations.
Je vacillais donc entre une excitation morbide et un affreux dégoût de mon être.
Je suis désormais terriblement déchiré entre deux états de ma personnalité et mon désespoir ne s’efface que lors de nos parties de chasse et nos festins sanglants.

C'est pourquoi je vous incite fortement à rester dans votre suffisance et votre ignorance salvatrice.
Ne vous écartez pas des sentiers éclairés de votre monde restreint. Ne pénétrez pas dans les grottes et cavernes du monde souterrain. Ne prêtez pas l'oreille aux soupirs sournois des entrailles de la terre.


Aimeric Lerat (Hangsvart) tous droits réservés
06/01/2015 

mardi 4 novembre 2014

Aleister Wayne

Aleister Wayne



Mon ascendance me fut longtemps cachée par mes gouvernantes et le personnel médical,
Qui, fréquemment, m’examinait et m’auscultait, parfois dans des conditions bien étranges.
On m'autorisait seulement à savoir que mes parents, désormais décédés,
Possédaient une fortune non négligeable qui entretenait tout ce monde,
Logé dans la maison familiale dont j'hériterais un jour.
Dès l'age de six ans on m'interdit tout contact avec l'extérieur,
M'inculquant des notions bien inhabituelles pour un jeune enfant.
Mes professeurs m’incitaient à développer mon monde intérieur et à laisser libre cours à mon imagination, qui bourgeonna rapidement me permettant de supporter une vie de solitude.
Cependant, cela me déclencha de violents maux de tête, qui s'intensifièrent au fil des années,
Jusqu'à nécessiter une intervention chirurgicale vers mes dix ans.
Les médecins m'apprirent que je fus trépané pendant la nuit,
Et que désormais je n'aurais plus jamais mal au crâne.
Ils installèrent une plaque de métal pour obstruer le trou pratiqué,
Mais on me défendit formellement d'y toucher et tous les jours,
Une infirmière venait la nettoyer et vérifier qu'il n'y avait aucune infection.
Ils m'assurèrent que ma créativité hors normes n'en serait que démultipliée.
Les cours de théologie que je suivais, en plus des matières habituelles comme les langues, les sciences et l'histoire-géographie, devinrent de plus en plus portés sur l'occulte et le mysticisme.
J'assistais stoïquement à mon éducation aux arts noirs de l'humanité.
Je perçus rapidement que je n'étais qu'une expérience d'une secte diabolique.
Au début de mon adolescence j'élaborais des plans pour m'évader du manoir de plus en plus terrifiant, qui, à cause de mon imagination, paraissait presque vivant.
La demeure était entourée d'un bois dense, légèrement marécageux,
Et je compris bien vite que toute tentative serait vouée à l’échec.
Mes gardiens ne tentèrent rien pour m’empêcher de fuir,
Et semblaient prendre un malin plaisir à lire l'angoisse dans mes yeux.
À seize ans le premier incident, inévitable, ravit tout le monde.
Une bonne fut mise en pièces sauvagement alors qu'elle nettoyait ma chambre,
Soudainement plongée dans l'obscurité suite à une coupure de courant étonnante.
Ses membres rongés furent séparés du tronc et ses boyaux suspendus au lustre,
Laissant pendre la carcasse ensanglantée encore palpitante.
J'étais alors présent, tranquillement allongé sur mon lit, plongé dans la lecture d'un livre ancien.
Bien sûr je ne vis rien lors du démembrement, mais entendis tout.
Et ces bruits répugnants allaient me suivre de plus en plus fréquemment.
Les coupures de courant devinrent hebdomadaires,
On tenta de me faire croire à des affaissements de terrain écrasant les câbles.
Je n'étais pas dupe et savais que tout ça n'était que des tests.
Mes soi-disant médecins tentaient d'ouvrir un portail vers les enfers,
Dont j'étais la clé vivante et indispensable.
Dégoûté de mon existence, je n'avais pas même la possibilité d'y mettre fin.
Alors j'essayais de contrôler les forces auxquelles j'étais lié.
C'est ainsi que je pus voir pour la première fois en pleine lumière,
Ce qui se passait lors de ces coupures de courant meurtrières.
Du trou dans mon crâne s'échappaient des ombres monstrueuses et carnassières.
Une fois sorties il leur fallait absolument de quoi se nourrir pour perdurer,
Et une zone d'ombre suffisamment épaisse pour les accueillir.
Il s'en suivit quelques vrais accidents, me procurant un plaisir malsain.
Grâce à leurs expériences et aux miennes, où je résistais volontairement lors de leurs invocations,
Pour empêcher toute apparition sur des temps plus ou moins longs,
Je compris aisément que les ombres voulaient sortir,
Et plus je résistais plus lors de leur sortie elles étaient nombreuses et déchaînées.
À vingt-trois ans je réussis à les contenir pendant huit mois,
Dans l'intention infernale de me libérer définitivement de cette secte monstrueuse.
Le nombre de gouvernantes et de médecins avait sensiblement diminué au fil des ans,
Et la nuit de Walpurgis, à la lune favorable, m'autorisa à déverser les enfers
Dans ce vieux manoir au passé sordide et au futur impensable.
Cela réussit si bien que des débris de corps humains se retrouvèrent éparpillés un peu partout dans chaque pièce me laissant des surprises macabres pendant plusieurs semaines.
Depuis les murs résonnent des cris inhumains de mes anciens geôliers lors des nuits les plus noires.
Les démons hantent encore la vieille bâtisse et moi, animé d'une vie qui ne m'appartient plus,
Je déambule de ma silhouette lugubre dans les longs couloirs abandonnés.



Aimeric Lerat (Hangsvart) tous droits réservés
23/09/2014

Eric Turgand

Eric Turgand




Mon dégoût primaire de l'humanité ne faisait que croître depuis mon emménagement
Dans cette ancienne bâtisse d'un des plus vieux quartiers de Paris.
Elle avait été construite peu après la révolution et son intérieur restait inchangé.
Elle fut léguée de génération en génération d'une famille noble du Nord de la France,
Venue dans la capitale pour des raisons mystérieuses qui finirent par me hanter.
Je l'avais acquise grâce à un arbre généalogique douteux prouvant une soi-disant parenté,
Avec ses anciens habitants, morts depuis peu, dont j'étais l'unique descendant,
Et qui refusaient, dans leur testament, toute vente aux enchères d'un bien qui leur était si précieux.
Acceptant avec joie dans un premier temps ce magnifique héritage,
Je quittai en hâte mon appartement de Lille pour vivre enfin dans une belle maison.
La cinquantaine bien passée, veuf endurci, professeur las d’anthropologie,
Ce déménagement me promettait une nouvelle vie.
Mais après deux jours à errer seul dans ces grands couloirs et ces pièces sombres et poussiéreuses,
Un malaise inconnu s'empara de moi, incrustant une peur insensée dans mes entrailles.
Je me surpris bien vite à jeter des coups d’œil furtifs par-dessus mes épaules,
À guetter le moindre son de cette maison qui semblait posséder une âme propre.
Ses craquements se modulèrent bien vite en gémissements plaintifs,
Et il me semblait percevoir des fragments de voix issus de la cave humide.
En quelques jours mon comportement se changea en une crainte du monde extérieur,
Laissant constamment les volets clos et la porte fermée à clé.
Je n'allumais plus la télévision qui me remplissait d'un dégoût maladif de mes semblables.
Je rentrais en conversation avec moi-même, entre moi-mêmes,
Et parfois arrêtais soudainement tout mouvement et toute discussion, pris d'une terreur pesante,
Accablé par la présence invisible d'êtres malfaisants.
Je laissais alors toutes les pièces ouvertes, apeuré de tomber sur une chose hideuse à l'affût derrière une porte close ; j'allumais le plus de lampes possible la nuit venue, et pourtant chaque soir, un attrait morbide me pressait de plus en plus à descendre dans la cave.
Bientôt des visions se précisaient, comme des images projetées dans mes yeux, mais détachées du monde réel. Je voyais des êtres qui furent certainement humains à leur époque, mais qui désormais n'étaient plus qu'un tas de chair et d'os dans un état de putréfaction écœurant.
Je restais la majeure partie de la journée sur mon lit, que j'avais placé dans un coin de ma chambre, me permettant de surveiller toutes les entrées de la pièce.
Mais bien vite les charognes vinrent me parler et tout un monde grésilla devant la réalité.
Des bébés mort-nés, encore gluants, rampaient sur le sol et descendaient des murs,
Convergeant dans ma direction comme attirés par de la chair fraîche,
Des gargouilles ailées et d'une carrure impressionnante défilaient,
Sans porter d'intérêt à mon corps désemparé,
Et ces caricatures pestilentielles d'humains allaient et venaient,
Menant leur propre vie et interagissant avec le monde.
Pourtant je savais que rien n'était réel et que la folie s'était emparée de moi.
Dans l'un de mes derniers raisonnements logiques, qui me semble flou à présent,
Je descendis à la cave jusque là restée fermée et y découvris un accès
À un tunnel s'enfonçant en pente douce sous la ville connue pour ses catacombes.
Par chance une porte robuste fermait ce passage vers un monde souterrain,
Mais comportait une grille à hauteur du visage laissant apercevoir le début du couloir de pierre.
Bousculé par l'effroi, je décidai de ne pas l'ouvrir et d'appeler Benoît, mon ami resté dans le Nord.
Je lui laissai un message ou j'imagine que mes tourments se reflétaient suffisamment,
Car le lendemain une ambulance vint me chercher et me transféra ici,
Dans cette chambre stérile d'un hôpital psychiatrique.
Et je suis aujourd'hui soulagé de m'être débarrassé de toute responsabilité face à cet héritage maudit, où la municipalité effectua de surprenantes découvertes.
En effet le tunnel conduisait à une chambre mortuaire antérieure aux célèbres catacombes,
Isolée dans les sous-sols de Paris à près d'une centaine de mètres de profondeur.
Il semblerait que des actes d'une cruauté rare y furent commis,
Sur des adultes mais aussi des enfants, vraisemblablement au nom d'un dieu infernal.

Je peux vous confirmer docteur, que la mise par écrit de tout ceci, m'a soulagé quelque peu.
Cependant je crains que quelque chose d'effrayant se soit réveillé en moi,
Et je resterai changé, je le sens, sans jamais pouvoir retrouver une vie normale.


Aimeric Lerat (Hangsvart) tous droits réservés
17/09/2014

jeudi 16 octobre 2014

Dylan Carlson

Dylan Carlson




Je me souviens encore de ces années où je pouvais improviser paisiblement,
Au son rond et mélancolique de ma guitare, des musiques où se reflétait mon âme,
Sans craindre d'horribles catastrophes.
Je retrouvais le calme, dans mes accords et mes notes,
Laissant s'exprimer mes tourments.
Il y avait bien eu des signes annonciateurs avant ce concert cauchemardesque,
Mais qui aurait pu les décrypter correctement ?
Comment aurais-je pu penser une seule seconde à de telles conséquences ?
À présent je ne suis jamais tout à fait tranquille,
M’autorisant à jouer uniquement dans la cave de ma vieille demeure.
Maison isolée dans une ancienne zone industrielle désormais abandonnée.
Ici je ne risque pas de blesser qui que ce soit.
Bien sûr rien n'a changé depuis, ils reviennent à chaque fois,
Mais je ne crains rien.
Au contraire, je redoute le jour où je ne serai plus en état de composer.
Ils sauront me retrouver, ils connaissent mon esprit,
Je ne serai à l'abri nulle part.
Je suis d'ailleurs heureux que la police n'ai rien pu prouver,
Les soupçons et accusations se sont vite dissipés,
Me laissant un faux répit avant ma fin inéluctable.
Et c'est peut-être parce que j'ai été innocenté que mes remords me poussent,
Encore une fois, à m'excuser, mot bien trop faible,
Pour toutes les douleurs que j'ai causées.
Je veux écrire ici, tant que je le peux, la réalité derrière ce drame,
Bien plus hideuse que tout ce qu'on a pu raconter jusqu'ici.
En effet, ma musique, résonnant avec mes troubles,
Que nombres de professionnels de la santé mentale ont attribué à une schizophrénie,
Est rentrée en contact avec une dimension autre que la notre.
Dissimulée dans les ombres et les actes sombres de notre monde.
Des passerelles s'établissent, aujourd'hui systématiquement,
Lorsque le soir venu je laisse ma musique s'exprimer, entre notre univers
Et celui de monstres insatiables rongés par une faim de chair, d'os, mais aussi de folie.
Comme je l'ai dit auparavant, je remarquais depuis quelques temps des phénomènes inhabituels,
Que différents psychiatres ont analysé comme des hallucinations visuelles et auditives.
Ces troubles me renfermaient sur moi, je devenais mélancolique et détaché de la réalité.
Mes amis m'ont persuadé de ne pas reporter ou annuler le concert d'octobre,
Pensant que ce moment stimulant me ferait le plus grand bien.
Hélas, pardonnez moi, ce ne fut qu'une sombre tragédie.
Nous avions plusieurs nouvelles chansons qui rendraient ce concert inédit,
Le public semblait enthousiaste et pressé d'y assister.
Alors, dans mon erreur, je décidai de le maintenir.
Le soir en question, enfin arrivé, nous avions installé une atmosphère particulière dans la salle,
Pour immerger nos auditeurs dans une ambiance de mysticisme occulte.
Aucun spot ne serait activé laissant l'éclairage à quelques bougies et cierges disposé sur la scène.
Des diffuseurs de fumée, embrumèrent la salle,
Laissant une obscurité moite et dense occuper l'espace.
La première demi-heure se passa superbement, stimulant les musiciens et tous les participants,
Créant ainsi les conditions idéales pour ouvrir les brèches vers un univers meurtrier.
Je vis bien quelques ombres se mouvoir, semblant s'organiser dans l'obscurité.
Mais j'étais convaincu que ce n'était que des hallucinations.
Bon sang, tout se déroula si vite.
Tous ces cris. Ces visions me hantent toujours la nuit.
Des ombres sortirent ces êtres à la peau grise et luisante, aux yeux jaunes remplis de haine,
Au corps maigre et squelettique, aux mains et aux pieds déformés par des griffes terrifiantes.
Leurs têtes affreuses se gavèrent de chair et d'os dans une orgie de démence.
Toutes les sorties avaient été soigneusement condamnées.
Je les revois mordre violemment les crânes d'hommes et de femmes,
Dans leurs gueules immenses et carnassières, et y aspirer les esprits encore sains,
Pour les remplir d'une folie incontrôlable sans le moindre espoir de rémission.
La police arriva trop tard, alertée par les hurlements inhumains,
Les portes ne cédèrent qu'une fois le carnage accompli.
Les policiers lourdement armés ne trouvèrent qu'une cacophonie de corps démembrés,
D'organes éparpillés, d'os broyés, et de fous terrorisés.
J'étais le seul à être vivant et partiellement sain d'esprit.
Je fus interné, tout de même, plusieurs semaines dans un hôpital psychiatrique,
Et je sais que je suis le seul de cette soirée à en être ressorti aujourd'hui.
Dans les débris humains il fallut une semaine pour répertorier tous les morts.
Et beaucoup de policiers, les premiers arrivés sur place, eurent des soucis de santé par la suite.
Je suis désormais l'esclave de forces qui me dépassent,
Et je crains, à chaque note, que des créatures vicieuses, venant des ténèbres,
S'échappent de ma cave humide pour hanter un monde autre que le leur.
Rongé par ma culpabilité, soyez sûr que j'applique moi-même ma punition.
Je me condamne aux tourments de l'âme et réserve le choix de ma mort,
À ces affreuses goules venues d'ailleurs.



Aimeric Lerat (Hangsvart) tous droits réservés
22/09/2014